Podcast : sur France Culture, “LSD” fait le tour du périph en quatre heures |
Cette autoroute urbaine cerne la capitale depuis cinquante ans. Un mal nécessaire ? Pour raconter son histoire et envisager son avenir, Camille Juza donne la parole à des urbanistes, des architectes et des artistes.
Publié le 25 avril 2023 à 11h30
Mis à jour le 25 avril 2023 à 11h32
Rêvez-vous d’habiter au bord d’une autoroute ? Dès les années 1970 et 1980, des habitants du bord de périph se confiaient sur leur quotidien aux micros des radios : surtout, ne jamais ouvrir les fenêtres, monter le son de la télé pour pouvoir l’entendre par-dessus le vacarme de la circulation, craindre que les enfants deviennent sourds, prendre des cachets pour réussir à dormir… « La moitié des gens ici sont en dépression nerveuse », racontait une mère de famille. Sans nier les drames, Camille Juza, elle, a pris une décision avant de s’engager dans cette série documentaire de France Culture sur le périph : « ne pas détester d’emblée cet objet urbain ». Le feuilleton s’ouvre ainsi sur des traverseurs et traverseuses de frontière.
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Passer le périph ou ne pas le passer, telle est la question pour la journaliste Nora Hamadi, née à Longjumeau. Adolescente, elle se met à fréquenter les lieux culturels parisiens. « J’ai compris que si je voulais sortir de mon assignation en tant que femme racisée, d’origine maghrébine et banlieusarde, il fallait à un moment que je joue au centre. » Mais Nora Hamadi n’a jamais voulu vivre à l’intérieur du périph, dans Paris. « Rester dans cette distance, c’est le meilleur moyen de rester observatrice. Je suis convaincue que si je passe le périph, je me perds. » La productrice Camille Juza avance : « Si on faisait une psychanalyse du périph, on dirait que ce cercle routier nous dit beaucoup de la passion française pour la centralité… »
Réduire les voies ?
Inaugurée en grande pompe en 1973, l’autoroute urbaine qui ceint la capitale a longtemps été fantasmée comme nécessaire. « Tel était le récit de la technocratie parisienne : il faut que ça circule ! », résume Camille Juza. Depuis, les architectes et les urbanistes rêvent de la transformer. Il y a dix ans, la productrice réalisait un film d’archives pour les quarante ans du périph. « À l’époque, tout le monde voulait le recouvrir et mettre des jardins partout. Ce n’est plus la tendance. Aujourd’hui, on pense à réduire les voies et on anticipe une diminution du trafic grâce au futur métro Grand Paris Express. Il serait intéressant de revenir en 2033 ! »
Vu de 2023, le périph semble en attente. Cette série donne surtout à entendre les avis des urbanistes, architectes et artistes, moins ceux des riverains. Mais opter pour un tour de périph fantasmagorique en compagnie de l’écrivain Aurélien Bellanger (dans l’épisode 4) vaut sans nul doute le détour…