Sur France Inter : que sont devenus les trotskistes d’hier ? |
Ils avaient les cheveux longs et des rêves de révolution. Dans “En quête de politique”, à réécouter en podcast, Thomas Legrand donne la parole à des “notables” de la politique qui ont en commun d’avoir démarré leur engagement à l’extrême gauche.
Publié le 14 mai 2023 à 16h05
«Pour pouvoir appréhender une bonne partie de ce qui se passe à gauche en ce moment, il faut comprendre ce que fut le trotskisme. » Fidèle au cap de son émission, qui navigue entre passé et présent politiques, le producteur Thomas Legrand réfute d’emblée l’hypothèse qui voudrait que le trotskisme appartienne au passé. La preuve, cette série en quatre épisodes est peuplée de vieux trotskistes — certains préfèrent dire « anciens ». Beaucoup, biberonnés à la « révolution permanente », se souviennent du printemps 1968. Dans ces années-là, l’historien Benjamin Stora avait les cheveux longs et draguait les étudiantes de l’Organisation communiste internationaliste (OCI). « On ne pouvait pas imaginer une seule seconde qu’on allait devenir des notables ! » s’amuse-t-il dans l’épisode diffusé cette semaine.
Laurence Rossignol militait, elle, à la Ligue communiste révolutionnaire. Elle l’assure, on n’entrait pas dans l’extrême gauche avec un plan de carrière politique. Mais le fait est là : les révolutionnaires d’hier sont bien devenus « notables ». « On se reconnaît les uns les autres », confie la vice-présidente du Sénat. Ces interviews retraçant les parcours des uns et des autres éclairent toute la complexité des trotskismes français, et leur lot de termes jargonneux. Quand Thomas Legrand demande à Didier Leschi ce qui reste en lui du « petit gars révolutionnaire », le directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) répond joliment : « Une manière d’utiliser le marxisme pour penser. » Si la série s’éloigne vite de Moscou, l’esprit de Trotski plane, bien sûr, avec quelques archives frappantes.