Quand c’est “La Dispute” sur France Culture, on discute et on explique |
Rendre compte de l’actualité culturelle grâce à des avis tranchés mais argumentés, c’est le credo du producteur Arnaud Laporte depuis huit ans.
Faut-il aller voir l’exposition « Toutânkhamon, le trésor du pharaon », à la Grande Halle de la Villette ? « Si on peut y accéder [elle suscite une grande affluence, ndlr], elle est remarquable, extrêmement claire », selon Anaël Pigeat, de Paris Match. « Ses cartels sont d’une indigence incroyable », tempère Fabrice Bousteau, de Beaux-Arts Magazine. Ce type de propos tranchés fleurit chaque soir dans La dispute, sur France Culture. Depuis huit ans, on y disserte une heure durant de l’actualité de la musique, du spectacle vivant, de la littérature, des arts plastiques, du cinéma ou de la bande dessinée. Sur ce terrain de joutes journalistiques, un trio de critiques – tournants (dont parfois ceux de Télérama) – décrit trois œuvres différentes et donne un point de vue longuement argumenté, offrant souvent de mini-débats sensibles.
« Je me bats contre l’entre-soi, explique le producteur Arnaud Laporte. On peut faire référence à autre chose, quel que soit le champ artistique, mais en expliquant. La pédagogie est nécessaire pour aller plus loin dans l’analyse. » Ce soir-là, il est question de théâtre. Au micro, l’animateur distribue la parole, tentant d’accorder un temps équivalent aux trois pièces abordées. Ystéria, de Gérard Watkins – donnée au Théâtre de la Tempête, à Paris – est disséquée par Caroline Châtelet (revue Incise), Jean-Christophe Brianchon (I/O Gazette) et Philippe Chevilley (Les Echos). Sur cette œuvre autour de l’hystérie, la première reste « circonspecte », regrettant le « grotesque pur » de « vignettes historiques » ; le deuxième craignait « un discours bien-pensant basique » finalement évité ; tandis que le troisième loue « une expérience audacieuse ».
« Cette année, avec Lucile Commeaux, productrice adjointe de l’émission, nous avons fait venir une quinzaine de nouveaux chroniqueurs, ce qui permet de renouveler les pensées, détaille l’hôte du studio. Avec eux, nous abordons la grosse actualité de la semaine, mais aussi des œuvres plus confidentielles. » L’animateur n’hésite pas à s’exprimer lui aussi. Il tente de voir ou de lire tout ce qui est évoqué – le jour où nous le rencontrons, il a déjà vu un film et une exposition avant d’arriver à la radio.
C’est qu’Arnaud Laporte a toujours évité de se spécialiser : arrivé en 1987 à Culture comme remplaçant du secrétaire d’Alain Veinstein (le créateur des Nuits magnétiques), il a appris le métier avec Laure Adler, puis a animé Multipistes et Tout arrive ! Lui qui coordonne aussi les Masterclasses – une série estivale d’entretiens avec des artistes sur leur mode de création – officie, par ailleurs, comme prof au Conservatoire d’art dramatique de Paris. Poussant les étudiants à creuser leur ressenti d’un spectacle. Continuant de faire essaimer sa large curiosité.