Grève à France Bleu : les rédactions s’inquiètent de la diffusion des matinales sur France 3 |
Le SNJ, la CFDT, la CGT, Sud et l’Unsa ont déposé un préavis de grève ce mercredi, en demandant la suspension du projet de matinales filmées par France 3 et diffusées sur ses antennes régionales. En cause également, une réforme organisationnelle qui risque de surcharger de travail les équipes.
Fronde à France Bleu : le Syndicat national des journalistes (SNJ), puis la CFDT, la CGT, Sud et l’Unsa ont déposé un préavis de grève pour le mercredi 29 mai. En cause notamment, la diffusion programmée des quarante-quatre matinales locales de France Bleu sur les stations régionales de France 3 – un rapprochement opéré dans un contexte d’économies budgétaires. « Les journalistes n’ont pas été consultés, on ne leur a pas demandé s’ils voulaient bien céder leur droit à l’image de façon individuelle », regrette Valeria Emanuele, secrétaire nationale du SNJ Radio France. Au-delà du manque de concertation, certains mettent même en question les fondements du projet : « La magie de la radio, c’est d’être une voix, pas un visage, indique Frédérick Thiébot, journaliste depuis 1989 à France Bleu Cotentin et représentant du SNJ. Il faut laisser l’auditeur se faire sa propre idée de qui lui parle le matin dans sa salle de bains. »
Le réseau France Bleu mène depuis juin 2018 des expérimentations (d’abord à Toulouse et Nice, lire ici notre reportage), dont le bilan a été jugé positif. « Le passage à l’image est satisfaisant, se fait sur la base du volontariat et ne modifie en rien la proposition éditoriale de la radio, précise Jean-Emmanuel Casalta, directeur de France Bleu. La collaboration avec France 3, qui prend en charge l’ensemble des coûts additionnels, se passe bien. Cela nous permet de viser un public différent, plus âgé. »
Contre un “passage en force”
Autre point de friction, la modification des journaux du matin, appelés à passer en « globcal ». Jusqu’à récemment, les journalistes locaux traitaient l’information locale à l’heure ronde, tandis que les journaux de la demie, couvrant l’actualité nationale et internationale, étaient réalisés à Paris. Il s’agit désormais de tout mêler dans les journaux de la demie, ce qui alourdit la charge de travail des matinaliers. « Pour nos petites équipes, il est difficile d’absorber cela, poursuit Frédérick Thiébot. Comme tout se fait à moyens constants, cela risque de diminuer notre présence sur le terrain, alors même que nous sommes encouragés à faire de l’hyperproximité…»
Le SNJ réclame le « renoncement au projet d’extension du globcal », et l’ensemble des organisations syndicales demande une suspension du projet des matinales filmées, dénonçant un « passage en force ». Le SNJ de France Télévisions a apporté son soutien aux journalistes grévistes de France Bleu, affirmant que « la radio filmée n’est pas l’avenir de l’audiovisuel public ». La direction du réseau Bleu, elle, assure comprendre « parfaitement ces inquiétudes, craintes et interrogations, qui sont normales ». Et s’appuie sur une série de discussions à venir avec les syndicats, menées à partir du 7 juin.