France Musique dévoile son “Carrefour de la création” pour remplacer quatre émissions du soir |
Portrait, carte blanche, captation de musique vivante, musiques électroniques ou improvisées… A partir du 1er septembre, le dimanche soir sera consacré à la création et à la musique contemporaine. Malgré la grogne de certains, qui craignent une émission “fourre-tout”, la direction défend le projet.
Quelle place pour la création et la musique contemporaine sur France Musique à la rentrée ? Après l’annonce de la suppression de quatre émissions en soirée (Tapage nocturne de Bruno Letort, A l’improviste d’Anne Montaron, Le Cri du patchwork de Clément Lebrun et Le Portrait contemporain d’Arnaud Merlin — Ocora couleurs du monde de Françoise Degeorges conservant finalement un créneau le samedi à 23h), une large grogne s’est fait entendre : une pétition « pour le maintien de la création musicale sur l’antenne » a été signée par 27 000 personnes, tandis que cent compositeurs, musiciens, orchestres ou directeurs de structures de diffusion ont fait paraître une tribune à destination des dirigeants de Radio France et de la chaîne, les rappelant à leur mission d’exposition de la création.
La station dévoile aujourd’hui la façon dont elle compte remplacer ces programmes. « Il y aura le dimanche, entre 20h et 0h30, un grand rendez-vous autour de la création tous azimuts, explique Marc Voinchet, directeur de France Musique. A 20h, Arnaud Merlin présentera un concert qui fera vivre des trésors : des œuvres de Berio, Ligeti ou Dutilleux par exemple, créées à Radio France et peu rediffusées. A 21h, Emilie Munera et Rodolphe Bruneau-Boulmier animeront un En pistes ! [l’actualité du disque commentée, diffusée du lundi au vendredi entre 9h et 11h, ndlr] dédié à la création et aux musiques contemporaines. A 22h, place au Carrefour de la création, une case très ouverte qui proposera tantôt un portrait, tantôt une carte blanche à un compositeur, tantôt une captation de musique vivante, tantôt des musiques électroniques ou improvisées…»
Avant de préciser que l’émission sera élaborée par un comité éditorial (dont feront partie Anne Montaron, Suzanne Gervais, Emilie Munera, Arnaud Merlin, Laurent Vilarem, Pierre Charvet, François Bonnet et Thomas Vergracht), sous la supervision de Rodolphe Bruneau-Boulmier. La diffusion de l’intégrale de Création mondiale, d’Anne Montaron, sera avancée à 23 heures. Puis, à 23h30, François Bonnet installera son Expérimentale, produite par le Groupe de recherches musicales de l’Ina, ndlr.
En charge de la coordination du dimanche soir, le producteur et compositeur Rodolphe Bruneau-Boulmier voit le Carrefour de la création, censé remplacer les émissions de 23 heures disparues, comme un programme « joyeux », qui « rendra compte du dynamisme existant autour de la création, en adéquation avec une époque qui a changé ». Quand certains pointent son côté « fourre-tout », il préfère vanter « les approches diverses des producteurs, la multitude d’entrées possibles ». « L’important est de ne pas lasser l’auditeur, avance-t-il. Ce n’est pas le nombre d’heures d’antenne qui fait que les compositeurs vont exister, mais la façon dont on éditorialise. La soirée du dimanche sera plus forte, elle aura une portée politique plus importante dans le monde de la création. »
Du lundi au vendredi à 23h, France Musique proposera, à la place des émissions supprimées, « les grandes heures » de la station, rediffusant des archives anciennes ou récentes. Faisant ainsi quelques économies, dans un contexte budgétaire contraint — Radio France doit économiser 60 millions d’euros —, malgré des audiences en hausse (1,8 point contre 1,6 l’année dernière, selon Médiamétrie).