Auteure du podcast “Im/patiente”, Maëlle Sigonneau s’est éteinte |
Après s’être battue pendant trois ans contre un cancer du sein, dont elle avait fait le sujet de son podcast produit par Nouvelles Ecoutes, la jeune femme est décédée le 17 août. Son énergie et sa pensée restent gravées dans ce témoignage sonore, qu’elle qualifiait elle-même de “bulle d’air” dans sa vie.
Il est des voix qui marquent. Celle de Maëlle Sigonneau était de celles-là. Ou, plutôt, est de celles-là : malgré sa disparition, annoncée par sa famille sur Instagram et par le studio Nouvelles Ecoutes sur Twitter, la trentenaire laisse un héritage fort, un héritage sonore sous la forme d’une série documentaire militante, Im/patiente. « Quand quelqu’un disparaît, on garde des photos, on se rappelle son visage, commente la cocréatrice d’Im/patiente Mounia El Kotni. Mais on oublie les voix. Celle de Maëlle, on ne l’oubliera pas. » Cette voix enveloppante ne tombera pas dans l’oubli. D’abord parce qu’elle fait du bien, cette voix qui nous conte son combat dans le creux de l’oreille. Mais surtout parce qu’elle est révoltée et qu’elle porte un message plus grand qu’elle.
Coup de gueule
Difficile d’utiliser le passé pour parler de Maëlle Sigonneau : ses amis et collègues ne cessent de reprendre leurs phrases pour corriger la cruelle erreur de conjugaison. C’est sûrement parce que son énergie résiste à l’épreuve de la mort physique. Son corps s’est éteint, mais l’essence de sa personne reste gravée dans ce témoignage sonore, ce coup de gueule en flux RSS qu’elle qualifiait elle-même de « bulle d’air » dans sa vie. « Maëlle était impatiente, je l’ai tout de suite senti chez elle, raconte sa productrice Laura Cuissard. Parfois, je lui disais : “On ne peut pas dire ça si vite ou le dire comme ça, ça va effrayer les auditeurs.” Mais on sentait qu’elle se disait qu’elle n’avait pas le temps, qu’il fallait que les choses bougent tout de suite. Alors elle se jetait à corps perdu devant le micro. »
Amoureuse de la pensée
Dans Im/patiente, elle se montrait sans fard, et chaque auditeur a pu percevoir sa force et sa bienveillance, inextricables. On ignore encore ce qu’il va advenir de la série maintenant que Maëlle Sigonneau n’est plus là pour l’incarner. Des huit épisodes initialement prévus, seuls trois (et demi) ont été enregistrés et diffusés, un séjour à l’hôpital ayant perturbé la production. Pour Lauren Bastide, cofondatrice de Nouvelles Ecoutes, peu importe la décision qui sera prise, le travail de Maëlle Sigonneau ne sera pas vain : « Elle était amoureuse de la pensée, qu’elle voulait partager avec le plus grand nombre pour propager des idées et en laisser une trace éternelle. C’est ce qu’elle a fait avec ce podcast, où elle a vraiment fait avancer la pensée féministe, en nommant les violences oncologiques par exemple. »
Maëlle Sigonneau avait réussi la prouesse de créer l’admiration et la rage chez les auditeurs, de prendre la parole pour ne plus simplement être « une malade », comme elle nous le racontait il y a quelques semaines. Elle avait peu de temps et avait choisi de le consacrer à éveiller les consciences des autres. Merci Maëlle.