Sur France Culture, on découvre pourquoi les banques sont impopulaires |
Responsable de la crise de 2008, le système bancaire n’a pas été pénalisé. Seule une prise de conscience citoyenne pourrait le faire bouger. France Culture fait le tour de la question en quatre podcasts de grande valeur.
La finance internationale, le journaliste Rémi Douat n’y comprenait pas grand-chose. Pour France Culture, il plonge — en quatre épisodes — dans les rouages du système bancaire, avec un objectif : déchiffrer son rôle dans la crise de 2008. « L’ignorance des Français sur ce sujet est centrale. Les banques s’en servent. Si les gens ont une prise de conscience, alors ils ne pourront plus tolérer leur fonctionnement actuel », martèle le producteur. Sa démarche pédagogique réussit presque trop bien. Au bout d’une demi-heure, on est si effaré qu’on ne sait plus très bien si on a envie de poursuivre. Mais cette enquête, édifiante et nécessaire, est à écouter jusqu’à son terme.
Au micro, les économistes expliquent la crise et ses victimes la racontent. Un maire confie l’endettement de sa commune et l’abandon de l’Etat. Des conseillers bancaires avouent leur désarroi et révèlent des pressions. « On a dû vendre des produits qu’on ne comprenait pas bien. On voyait qu’il y avait des zones d’ombre, et on a accepté de vivre avec », confesse un salarié. Ces témoignages de l’intérieur sont la grande valeur ajoutée de ces documentaires. Ils dévoilent une profession elle aussi en crise, mal vue, et mal à l’aise avec elle-même.
Les lobbyistes veillent
On aurait aimé se raccrocher aux experts. Qu’ils nous disent, d’une voix rassurante, que depuis 2008 la banque va mieux. Las, eux aussi sont pessimistes. « La France fait preuve d’une grande mansuétude à l’égard des dirigeants bancaires, explique l’un d’eux. Il faut les rendre responsables pénalement et personnellement. Croyez-moi, ça changerait les comportements. » Pour cela, il faudrait modifier la loi. Mais les lobbyistes veillent. Rémi Douat met en lumière le passé des patrons banquiers : la grande majorité sont en fait d’anciens inspecteurs des finances. « J’ai commencé à faire des listes de noms, détaille-t-il. J’étais choqué. Les conflits d’intérêts sont partout. »
Partout ? Nous voilà presque prêts, comme l’enjoint le titre de la série, à faire « sauter les banques ». Ou du moins les transformer. Lueur d’espoir dans ces émissions, un homme présente sa banque éthique. Avec comme leitmotiv la transparence, la Nouvelle économie fraternelle compte 37 000 sociétaires. Une autre banque est donc possible ? « Si les citoyens s’engagent, oui, espère Rémi Douat. L’évolution sera lente, mais il y aura un avant et un après 2008. Nous sommes en train de vivre les balbutiements de l’après. »