Europe 1 : le coronavirus pousse Matthieu Belliard à assurer la matinale depuis son garage |
“Je me suis senti un peu seul…” Le matinalier d’Europe 1 a expérimenté une grande première ce mardi 17 mars : présenter en direct la matinale de la station, confiné à domicile… dans son garage. Il décrit son nouveau “studio”.
Très tôt ce mardi 17 mars, la photo a fait réagir sur Twitter : Matthieu Belliard, le matinalier d’Europe 1, emmitouflé dans un anorak et une écharpe, assurant le direct depuis… son garage. À situation sanitaire exceptionnelle, dispositif radiophonique exceptionnel. Pour continuer à informer le public tout en respectant les consignes de confinement du gouvernement, les équipes d’Europe 1 travaillent au maximum de chez eux… tout en incitant les auditeurs à intervenir via le #RadioOuverte. Une réussite technique qui pour l’instant, n’a pas trop perturbé nos oreilles. L’anchorman revient pour Télérama sur cette expérience inédite pour lui.
Comment la direction de la station a-t-elle pris la décision de réaliser la matinale « en confinement » ?
La direction a commencé à réfléchir dès la semaine dernière. L’enjeu : continuer à informer les gens tout en faisant un effort de confinement. Car nous avons conscience, en tant que média, d’être un foyer de contamination possible – nous sommes régulièrement en contact avec des autorités politiques et sanitaires. La première décision a donc été d’interdire, comme les autres radios, les invités en studio et de faire toutes les interviews par téléphone.
Techniquement, j’ai le droit d’aller travailler en studio. Mais on ne sait pas comment le confinement va évoluer, et tout le défi est d’anticiper des consignes plus strictes. Cette première matinale a permis de constater que oui, nous sommes capables de réaliser la matinale à distance.
À quoi ressemble le dispositif installé dans votre garage ?
Les techniciens ont fait un travail remarquable en m’équipant avec le matériel nécessaire, moi et les différents chroniqueurs de la matinale qui ont aussi travaillé de chez eux. Un peu comme une délocalisation, sauf qu’on était tous délocalisés chez nous. Deux personnes étaient présentes en régie, et une autre en studio pour assurer la continuité de l’antenne en cas de raté.
Finalement, c’est assez simple. Nous avons une chance incroyable par rapport à la télévision ; la radio, ça a toujours été une table, un micro et un téléphone.
Donc concrètement à ma droite, j’ai une grande théière, une grande cafetière et des mugs pour tenir le coup. Un petit radiateur d’appoint aussi, car il fait un peu froid dans mon garage. À ma gauche, j’ai mon ordinateur portable avec deux écrans : un pour les dépêches AFP, l’autre pour mes e-mails. J’ai évidemment de quoi me connecter au réseau Internet, un micro Europe 1, et un petit boîtier avec un bouton pour parler à l’antenne et un autre pour parler à la régie. Comme d’habitude, j’ai mon cahier et mes stabilos, mais beaucoup moins de papier car je n’ai pas d’imprimante chez moi… un enseignement écologique à garder peut-être après l’épidémie !
Quelles impressions après cette première ?
Je ne cache pas que je me suis senti un peu seul dans mon garage en pleine nuit, pendant la préparation de la matinale… Et l’ambiance, l’adrénaline habituelle de l’équipe en studio m’a manqué. Mais quand j’ai constaté que les bons jingles arrivaient au bon moment, que la liaison avec les chroniqueurs fonctionnait, que nous arrivions à faire cette matinale d’une manière plutôt naturelle… J’ai ressenti de la fierté devant notre capacité d’adaptation. C’est aussi beau de voir que la pure tradition radiophonique conjuguée à de la pure modernité technologique permet d’assurer la continuité de l’information.
Cette capacité d’adaptation est importante. La direction continue d’anticiper un éventuel durcissement du confinement, en réfléchissant par exemple à mettre en place une équipe de volontaires qui accepteraient de rester confinés plusieurs jours à la radio pour assurer l’antenne.