Podcast : sur Studio Paradiso, le drôle et tendre apprentissage de l’autisme d’une mère et son fils |
Ismaël, 8 ans, est autiste. Dans un podcast bouleversant et plein d’humour, Marie-Odile Weiss, sa maman, raconte la déflagration de l’annonce, la gestion du quotidien et part interroger des experts pour mieux comprendre la maladie.
Quand les médecins lui annoncent qu’Ismaël, son fils âgé de deux ans, est autiste, Marie-Odile Weiss a l’impression de se retrouver « en tongs au pied de l’Himalaya, une boussole cassée dans la main ». C’était il y a six ans. Depuis, l’autrice et comédienne a fait de son « ascension » maternelle un seule-en-scène, porté en 2019 sur les planches par Julie Bargeton. Aujourd’hui, son récit devient podcast, prenant la forme d’un docu-fiction produit par le studio Paradiso – lequel signe ici sa première production originale.
Derrière trois initiales, un bouleversement
Avec beaucoup de franchise et d’humour, Marie-Odile Weiss raconte le bouleversement qui se cache derrière les trois initiales TSA (trouble du spectre autistique) : les premiers symptômes, les « petits examens complémentaires » finalement pas si petits, la « guidance parentale » parfois bien mystérieuse, les moments de joie et d’impuissance, la violence aussi. L’envie – qui rejoindra celle de nombreux autres parents – d’être « dans l’oreille de son fils » pour enfin comprendre les réactions de ce petit garçon qui ne supporte pas l’odeur des tomates et adore les dinosaures. « J’aimerais savoir pourquoi tel bruit peut le hérisser et pas un autre. Avoir un mode d’emploi. Mais ce n’est pas possible », rêve cette femme qui, soutenue par une réalisation délicate, confie avec une infinie tendresse son apprentissage de mère, depuis la déflagration d’amour que fut l’accouchement jusqu’au sentiment de victoire qu’un tout premier échange de regards avec son fils aura suscité…
Construite avec beaucoup d’équilibre, cette série alterne intelligemment récit à la première personne, souvenirs rejoués par des comédiens toujours justes, et interviews d’experts, d’adultes autistes et d’autres parents. Ces croisements d’expériences très concrètes – comme lorsqu’une autre mère explique que son fils, féru de chiffres, lui réclame régulièrement « un sandwich aux nombres » – permettent de faire le point sur les connaissances actuelles et les idées reçues autour de l’autisme, ne manquant pas de dénoncer une bonne fois pour toutes les erreurs culpabilisantes de l’approche psychanalytique, laquelle a longtemps prévalu.
« Ce qui fait la différence, c’est la bienveillance des gens qu’on rencontre », explique Marie-Odile Weiss en se remémorant les interactions aidantes, et les autres, décourageantes. « On peut tomber sur un prof pas très sympa par exemple, et qui ne va pas emmener mon fils aussi loin que les autres. Ou bien sur un prof qui porte un regard beaucoup plus beau, beaucoup plus généreux sur mon enfant. »
En ce moment, Ismaël ne va pas à l’école. Comme tout le monde, il est confiné. « Sa classe lui manque. C’est un peu compliqué car ses habitudes sont perturbées, et il est hyperactif. Heureusement nous avons le droit de sortir plusieurs fois par jour, et nous poursuivons l’accompagnement éducatif en vidéo. Il a un peu de mal à comprendre ce qui se passe… mais comme tous les enfants, non ? »