Podcasts pour enfants : le studio Paradiso et L’École des loisirs chatouillent l’oreille des bambins |
“Chien bleu”, “La Reine des bisous”, “Je mangerais bien un enfant”… Alors que le podcast jeunesse se développe, les deux entités emblématiques nouent un partenariat pour adapter les célèbres histoires en bande sonore. Lorenzo Benedetti, cofondateur du studio Paradiso, revient sur la genèse de ce duo, qui compte bien enchanter l’imaginaire des petits.
Encore ! » Les enfants sont des petits êtres assoiffés d’histoires, qu’on se doit de leur raconter sans cesse, encore et encore. Depuis quelque temps, le podcast jeunesse se développe, dans un paysage sonore en pleine éclosion. Avant que les écrans ne deviennent rois, les jeunes oreilles avaient pourtant des cassettes et des vinyles d’histoires contées avec délicatesse. Nouveau venu dans cette résurrection sonore, le studio de podcasts Paradiso a judicieusement noué un partenariat avec une des plus célèbres maisons d’édition jeunesse, L’École des loisirs.
Vingt-deux albums, parmi les plus emblématiques, viennent ainsi d’être adaptés très joliment en audio pour les 5-7 ans : Caca boudin, de Stephanie Blake, Chien bleu, de Nadja, La Reine des bisous, de Kristien Aertssen, Je mangerais bien un enfant, de Sylviane Donnio… La sélection est maligne et joyeuse, et l’absence d’image est parfaitement palliée par le talent des comédiens et par une mise en musique pertinente. Retour sur cette création avec Lorenzo Benedetti, cofondateur du studio Paradiso.
Comment ce podcast avec L’École des loisirs est-il né ?
Nous avons noué un partenariat avec la maison d’édition à la fin de l’année dernière. L’École des loisirs a un catalogue énorme, historique et génial, avec des histoires courtes et bouclées, mais aussi des séries. Quand le confinement a été déclaré, nous avons fait en sorte de rendre accessibles le plus vite possible un certain nombre de titres. Il était important pour nous que les parents aient des choses à faire écouter à leurs enfants, c’est aussi la mission de L’École des loisirs. Ça a été un peu le branle-bas de combat pour finaliser cette vingtaine d’histoires ; tout avait déjà été enregistré, mais il a fallu faire l’habillage sonore et la distribution technique, qui prend un peu de temps.
C’est un carton : on totalise 110 000 écoutes en un mois. Nous avons fait le choix de la gratuité pendant cette période et nous voulons développer par la suite des séries qui seront disponibles uniquement sur telle ou telle plateforme. Mais nous continuerons de proposer des contenus gratuits ; avoir cette audience-là, c’est super. Ce serait dommage de ne pas garder ce flux ouvert et ce ne peut être que vertueux dans notre démarche, qui est de transposer l’univers de L’École des loisirs dans le domaine audio.
Un album jeunesse passe beaucoup par les images. Comment rendre cela en audio et quel album fait un bon podcast ?
On croit dans le pouvoir de l’imagination ! Quand j’écoute les histoires avec mes enfants, j’ai remarqué qu’ils ont les yeux un peu perdus dans le vague, ils se créent des images mentales. Je n’avais jamais lu ni vu certaines des histoires, c’est marrant comme l’image que je vais m’en faire est unique, différente de celle que vont se faire d’autres auditeurs. On est aussi surpris quand on voit finalement le livre. Alex Blumberg, un des cofondateurs du studio américain de podcasts Gimlet, explique très bien ce qui se passe avec l’audio, notre capacité à faire, dans notre tête, le chemin du son vers l’image.
Alors oui, certains albums sont plus évidents à adapter que d’autres, mais, étrangement, cela fonctionne sur quasiment tous. Quand c’est plus compliqué, mais que l’univers de l’album nous intéresse, on discute directement avec les auteurs et on travaille avec eux sur l’adaptation. Nous avons ainsi réuni pendant toute une matinée les auteurs et autrices des œuvres emblématiques de L’École des loisirs. Nous leur avons fait écouter plein de podcasts, plein de choses diverses, nous les avons fait discuter avec un réalisateur, répondu à leurs questions et amorcé un dialogue. Il s’avère qu’une adaptation sonore est plus simple pour eux qu’une adaptation audiovisuelle : il s’agit d’un travail sur le texte et ils sont habitués aux mots. Nous sommes ici un peu des traducteurs. Nous allons bientôt produire en série Cornebidouille, et Pierre Bertrand est très impliqué dans l’adaptation.
Un soin particulier a été apporté à l’habillage sonore et à la musique. En quoi est-ce important ?
L’habillage, pour cette première vague, est assez simple, mais nous avons le souhait d’essayer chaque fois de faire un peu de cinéma pour les oreilles. Pour accentuer et stimuler l’imaginaire, la musique est hyper importante. Parfois, les podcasts ne sont pas toujours très produits ; nous, nous avons la conviction que la musique est déterminante. Là, c’est encore léger, mais ça fonctionne bien. On travaille avec des compositeurs, et des compositeurs de renom – Malik Djoudi, Flavien Berger, Sébastien Tellier, bientôt… On va chercher des talents et on y met une partie importante du budget.