Grâce au podcast “Primo”, d’auditeur à auteur, il n\'y a qu\'un pas |
La plateforme de podcasts Nouvelles Ecoutes a permis à trois auditeurs de réaliser leur rêve : publier leur premier roman chez Robert Laffont. L’occasion de suivre en plusieurs épisodes le processus de bout en bout, de la première lecture aux négociations du contrat.
Le podcast mène à tout, même à la publication. Nouvelles Ecoutes a ouvert la voie avec Primo, où l’auditeur devient acteur de son rêve : publier son premier roman chez un grand éditeur. L’aventure a commencé en octobre dernier par une annonce : un appel à manuscrits promettait aux trois premiers auteurs sélectionnés d’être édités chez Robert Laffont. Deux cent dix-huit candidats ont envoyé leur roman, des centaines de pages reliées fébrilement, avec cette prière muette d’arriver à percer en poussant cette porte inespérée, entrouverte par le studio de podcasts.
Les heureux élus ont accepté de jouer le jeu : être suivis pas à pas dans les coulisses de la maison d’édition, tout au long du processus de création du livre, jusqu’à son arrivée sur les tables des libraires, pour un podcast réalisé en seize épisodes, produit par Marine Raut. « Pour nous aussi, c’est une première : par le biais de l’audio, nos futurs écrivains vont rencontrer leur public avant même que le livre n’existe, explique Margaux Rol, chef de projet chez Laffont, à l’origine de cette immersion. Nous allons montrer les réalités de ce secteur qui baigne dans beaucoup de fantasmes. » L’occasion de réinventer le lien avec les lecteurs et les aspirants romanciers.
La promesse de la transparence
Trois auteures ont été sélectionnées — pas de parité prise en compte, le coup de cœur a ses raisons. Autant de parrains ont choisi le manuscrit qu’ils voulaient accompagner et défendre : Claire Do Sêrro, directrice littéraire chez NiL, Glenn Tavennec, directeur éditorial des collections « R » et « La bête noire » chez Robert Laffont, et Françoise Delivet, directrice littéraire de Robert Laffont. Chacun a fait la promesse de la transparence en acceptant de livrer les ficelles du métier, les secrets de fabrication et leur lien fort, parfois tendu, avec les auteurs qu’ils suivent pas à pas.
« C’est une relation de couple ! résume Glenn Tavennec. Un face-à-face. L’écrivain a quelqu’un avec qui se confronter, s’énerver, s’engueuler. D’ailleurs, je suis assez cash quand je parle… je peux paraître hors sol dans ce milieu policé, mais je n’ai pas peur de passer pour un dingue. Au final, la personne qui stressera le plus, ce sera toujours l’éditeur, car on s’est engagé, on a donné une parole à l’auteur : celle de tout faire pour le sortir du lot. »
Dans son bureau qui domine la place d’Italie, Françoise Delivet reçoit son autrice pour la deuxième fois. Elle désigne d’un hochement de la tête une pile de manuscrits en souffrance : « Quatre-vingt-dix pour cent de ce que l’on reçoit ne tient pas la route, soupire-t-elle. C’est tellement difficile aujourd’hui de défendre un roman dans la masse de tout ce qui paraît, il y a de moins en moins de lecteurs ; hélas, l’attention se concentre toujours sur les plus connus ! Il faut être plus qu’enthousiaste pour se dire : “Ce texte-là, j’ai envie que d’autres gens puissent le découvrir.” Surtout que, la plupart du temps, les gens racontent leur vie de manière déguisée, ce n’est pas toujours très passionnant — enfin, ça l’est pour eux… Les vertus thérapeutiques de l’écriture ne sont plus à démontrer. » Elle se félicite d’avoir pris sous son aile Hélène Vergé pour Primo : « Son texte m’a réveillée ! »
Le podcast, un avenir pour le livre
La jeune femme de 28 ans apparaît dans l’embrasure de la porte. Longiligne et empruntée, elle affiche le sourire d’une gosse qui ferait un tour de manège et ne veut pas redescendre. Cinq ans qu’elle écrit, ajuste, peaufine son récit. Jusqu’au jour où elle a sauté le pas et posté à Nouvelles Ecoutes ses mille pages, l’histoire d’une famille dont l’équilibre est bouleversé par l’arrivée d’un nouvel enfant. La voilà dans les longs couloirs feutrés de Laffont, envoyée au septième ciel par les ascenseurs vitrés formant comme des hunes sur la ville. « Ici, je suis comme en apesanteur. J’en ai rêvé pendant très longtemps, c’est le début d’une nouvelle histoire », se réjouit l’ingénue.
Elle a passé le cap des premiers rendez-vous où chacun doit se plaire pour y croire et embarquer dans ce voyage littéraire, avec pour témoins les auditeurs. « Le podcast est un avenir pour le livre, assure Glenn Tavennec. Grâce à lui, les lecteurs sont plongés dans les étapes éditoriales, par exemple la rencontre avec l’éditeur, la réécriture pour peaufiner le roman, les négociations du contrat… C’est une nouvelle façon de décloisonner complètement l’édition. » Pour les auditeurs, c’est un regard inédit sur l’élaboration d’un livre.