Sur France Inter, la vraie histoire de Cartouche, bandit magnifique |
S’il n’était pas le Robin des bois qu’a forgé la légende, le malandrin français s’était attiré la sympathie de la populatione, séduisant jusqu’à la noblesse. Stéphanie Duncan lui a consacré ce samedi un “Autant en emporte l’histoire”, à réécouter en podcast.
Jean-Paul Belmondo l’a incarné, chevaleresque et charmeur, dans le film de Philippe de Broca en 1962. Mais Louis-Dominique Cartouche (1693-1721) n’était pas un Robin des Bois désintéressé. « Ce qu’il prend, il le garde, mais il le fait avec un certain panache, ce qui fait que la population le prend parfois pour un justicier », rectifie d’entrée de jeu l’historien Benoît Garnot dans Autant en emporte l’histoire, sur France Inter. Stéphanie Duncan, productrice de l’émission, décrit un « chef de bande charismatique et provocateur qui multiplie les coups, semble imprenable et rend folle la police parisienne ».
Elle incarne la narratrice de cette fiction alerte écrite par l’auteur de polar Patrick Pécherot. On s’y trouve projeté près du Châtelet, à Paris, en 1720, en plein cours de banditisme dispensé par Cartouche (François de Brauer). Le malandrin veut « des voleurs plus habiles que des jongleurs, plus habiles que des funambules, plus légers que des nuages », considérant son activité comme un art. Même les marquises gloussent de ses « farces », évoquant la manière audacieuse dont il a dérobé « les pommeaux d’argent des épées de la garde royale, au nez et à la barbe des soldats ». La « noblesse anticonformiste » s’entiche de lui, et le Régent en personne vient « deviser sans façon » avec le gredin alors qu’il est emprisonné…
Romanesque détrousseur
« Cartouche est généreux quand il s’agit d’organiser un cambriolage ou d’obtenir de faux témoignages, précise Stéphanie Duncan. Sa prodigalité a contribué à sa légende, mais il ne donne pas, il paye, ses largesses sont des placements, et malheur à qui trahit sa confiance. »
En fin d’émission, Benoît Garnot, de retour en studio, détaille la fin peu enviable du romanesque détrousseur : « trahi par l’un de ses lieutenants, il a été pris dans un cabaret et accusé d’assassinats et de vols multiples ». Il faut dire que la maréchaussée a mis le paquet pour « éradiquer sa très grande bande de cambrioleurs qui faisait régner l’insécurité à Paris ». Certain que ses complices vont venir le libérer, Cartouche refuse de livrer leurs noms. Quelques heures plus tard, il accepte d’en donner près d’une centaine. Avant de finir, au petit matin, exécuté sur l’échafaud. Loin, cette fois, de toute flamboyance, de tout romanesque.
À écouter
q Cartouche, le bandit bien-aimé, dans Autant en emporte l’histoire, sur franceinter.fr Réalisation : Cédric Aussir. 55 mn.