Podcasts natifs : un festival et deux annonces pour tenter d’organiser le secteur |
Un syndicat pour producteurs indépendants, une réflexion sur un fonds public d’aide à la création… En marge du Paris Podcast Festival, dont la deuxième édition s’est déroulée du 18 au 20 octobre, deux annonces ont donné le top départ d’une structuration du secteur
Né seulement l’an passé, le Paris Podcast Festival, qui s’est déroulé du vendredi 18 au dimanche 20 octobre – et dont Télérama est partenaire –, est déjà perçu comme un événement thermomètre du secteur du podcast français. En témoignent deux annonces faites pendant ces trois jours rassemblant professionnels de l’audio, auteurs amateurs, auditeurs et auditrices.
Jeudi soir, Joël Ronez, président du studio Binge Audio, annonçait la création d’un syndicat de producteurs indépendants (PIA pour Producteurs indépendants audio) regroupant les membres fondateurs de huit entreprises créatrices de podcasts natifs – la liste accueille trois sociétés supplémentaires depuis le festival. « Créer cette organisation, c’est un acte de responsabilité pour le secteur de l’audio. PIA va nous permettre d’élaborer nos positions pour pouvoir présenter un point de vue structuré à nos interlocuteurs », explique Joël Ronez. Parmi ces interlocuteurs, le gouvernement : « La première urgence, c’est la réforme de l’audiovisuel public. Nous voulons pouvoir y participer, être entendus. Le secteur y a tout intérêt. »
Deuxième urgence : l’aide à la création. « On est le seul secteur de l’industrie culturelle qui ne bénéficie pas d’aide à la création », s’agace le patron de Binge Audio, qui plaide depuis trois ans pour une organisation du secteur, rendue difficile par les divergences d’intérêts entre sociétés productrices, radios traditionnelles et plateformes agrégatrices.
En unissant leurs voix, les studios de podcasts natifs entendent peser dans la balance des discussions, notamment sur la question épineuse des droits de diffusion. « On aimerait savoir qui paye et comment. Et s’assurer que les droits que les auteurs nous confient se situent dans une chaîne vertueuse de gestion des droits », souligne Joël Ronez.
Un coup d’accélérateur ?
Sur la question du soutien à la création, au moins, les inquiétudes des producteurs semblent être entendues. Invité au Paris Podcast Festival pour représenter le ministre de la Culture, Franck Riester, le directeur général des médias et des industries culturelles, Martin Ajdari, a annoncé le lancement d’une « mission de réflexion prospective pour soutenir la création de podcasts ».
L’opération est confiée à l’inspecteur général des affaires culturelles, François Hurard. Objectifs : « Poser les bases d’un accompagnement juridique, financier et réglementaire des pouvoirs publics à la création de podcast. » L’annonce fait notamment suite à une demande de la Scam, qui, en début d’année, appelait l’État à lancer un fonds de soutien à la création radiophonique globale.
« Nous saluons ce premier pas institutionnel, et nous avons hâte d’être entendus dans le cadre de cette mission », réagit Joël Ronez, qui espère « un processus efficace et pragmatique, qui débouche sur des propositions lisibles et rapides ».
Un coup d’accélérateur semble-t-il souhaité par nombre d’acteurs réunis lors du festival, conscients que le secteur du podcast natif, bien qu’en plein développement, cherche encore sa maturité économique...