Violences conjugales : de la maison au tribunal, cinq podcasts pour mieux comprendre |
Alors que le décompte des femmes tuées par leur conjoint ou leur ex ne cesse d’augmenter, ces podcasts analysent ce que signifient l’emprise, la brutalité, le dépôt de plainte…
Depuis quelques mois, les mots « violences conjugales » et « féminicide » sont dans l’actualité et… dans beaucoup de podcasts. Rien d’étonnant pour un médium qui s’épanouit autour des sujets liés à l’intime. Comment comprendre ce phénomène qui éclot dans le secret des foyers, mais touche au moins 220 000 femmes chaque année en France ? Pourquoi et comment la spirale de la violence s’installe-t-elle dans un couple ? Est-il possible d’en sortir ? Que fait l’État ? Télérama vous propose d’écouter cinq émissions qui tentent de répondre à ces questions.
L’intime est politique
On pourrait croire que le mouvement #MeToo a libéré la parole des femmes. Mais bien avant octobre 2017, certaines ont eu le courage de témoigner dans les médias des violences qu’elles subissaient. Dans cet épisode d’Affaires sensibles sur France Inter, grâce à des archives de témoignages de 1975 à aujourd’hui, Fabrice Drouelle retrace l’évolution des lois censées endiguer les violences au sein du couple. En partant de la création des premières permanences téléphoniques en 1975 et de l’ouverture du centre Flora Tristan pour recueillir les femmes victimes de leur mari, Fabrice Drouelle fait résonner l’histoire de la lutte contre ces violences avec l’actualité brûlante, en compagnie de la journaliste Virginie Ballet.
L’épreuve de la plainte
On estime que seules 14% des victimes de violences conjugales portent plainte chaque année. Pourquoi un chiffre si bas ? Par peur de leur conjoint, sûrement, mais aussi à cause du manque d’écoute des forces de l’ordre lors des tentatives de dépôt de plainte. La journaliste Vanessa Descouraux tente de comprendre ce qui dysfonctionne dans les commissariats et gendarmeries en partant à la rencontre de victimes, d’avocats et de policiers formés à l’écoute dans un reportage au long court pour Interception sur France Inter.
Le monstre en lui
Y a-t-il un profil type de l’homme violent ? Oui et non répond Isabelle Steyer, avocate de victimes, mais aussi intervenante dans des groupes de parole pour auteurs de violences conjugales, au micro de Victoire Tuaillon dans Les couilles sur la table de Binge Audio. Si beaucoup d’hommes violents ont eux-même été victimes de leur père dans l’enfance (ou qu’ils ont vu leur mère rouée de coups par son mari), il n’y a pas de profil type : ils appartiennent à toutes les catégories de la société sans distinction d’âge, de race ni de catégorie socio-professionnelle. Si l’avocate a parfois un point de vue candide sur la situation, la journaliste rappelle bien que même s’il a lui-même été victime, l’auteur reste toujours responsable de ses actes envers sa compagne.
État de droit
Et la justice dans tout ça, que fait-elle pour protéger les 220 000 femmes victimes de leur conjoint chaque année ? A-t-elle l’appareil législatif et les moyens suffisants pour le faire ? C’est la question à laquelle tentent de répondre Mathieu Palain, journaliste auteur du poignant podcast Des hommes violents pour France Culture, le procureur de la République de Pontoise Éric Corbaux et les journalistes Romain Gouloumès et Caroline Politi dans le treizième épisode de Juste un droit, produit par le journal 20 minutes. Prises de plaintes, téléphones « grave danger » (un appareil doté d’une seule touche, relié aux forces de l’ordre), ordonnances de protection, hébergement d’urgence des victimes, stages de sensibilisation… le groupe passe en revue l’arsenal judiciaire français et pointe du doigt certaines insuffisances.
Lettre de désamour
Dans un échange audio-épistolaire rendu possible par le montage, Sandra, victime de son ex pendant 14 mois, et Pierre, bourreau repenti de son ancienne épouse, s’adressent à leurs ex respectifs et dévoilent leur rapport à la violence. Leurs histoires se répondent avec poésie malgré les détails sordides de leurs récits personnels. Cette lettre sonore d’Alice Milot et Charlie Dupiot pour Post-scriptum s’éloigne des considérations autour de l’appareil judiciaire pour revenir au cœur du problème des violences conjugales : les sentiments humains et l’emprise des conjoints violents sur leur victime.