Sans notes
Douze podcasts pour (re)découvrir Arte radio

C’est une mine de pépites, un réservoir de sons originaux, drôles et pertinents. Depuis 2002, Arte Radio propose des podcasts en tous genres, sur tous les thèmes. Voici une sélection de douze de ses joyaux.

Depuis sa création en 2002, elle a diffusé sur le web une myriade de « reportages, témoignages et bruits pas sages ». Ancêtre des studios de podcasts, Arte Radio – une émanation de la chaîne de télé européenne – a su habilement se renouveler. Avec un objectif : « écouter le monde et les vies qu’on mène », selon son directeur éditorial (et cofondateur) Silvain Gire. Petit tour d’horizon de ce vaste réservoir de sons, avec douze bijoux sonores à savourer.

“Per comme personne”

Nina Almberg a 6 ans quand elle apprend la disparition de son père. Elle se souvient précisément de ce jour-là : la gravité des adultes, leur silence gêné à son approche… « Per est mort », voilà ce qu’on lui lâche alors. La petite rétorque qu’elle le sait. « Quand on est enfant, on a le pouvoir de deviner les secrets », rapporte-t-elle, vingt-cinq ans après le drame. Avec Per comme personne, une série en six épisodes, la documentariste – qui vient de devenir mère d’un petit garçon – signe une autofiction à rebondissements sur ce géniteur qu’elle croyait connaître, finalement en grande partie fantasmé. Son parcours l’emmène au cœur des années 1970, où toute une génération était résolue à faire la révolution pour briser le carcan d’une société devenue obsolète.


“Dalida et moi”

De Dalida (1933-1987), Léa Veinstein ne savait quasiment rien. « Je la confondais avec Sheila ! », lâche-t-elle ingénument. Et voilà que la chanteuse entre en 2019 soudainement dans sa vie, par de multiples portes. La trentenaire, docteure en philosophie et documentariste (La Radio de Papa, Mortefontaine), décide alors de creuser ces coïncidences, jusqu’à consacrer à l’idole disparue une série drôle et personnelle, Dalida et moi, en cinq épisodes. Emmenant l’auditeur dans un cabaret parisien ou chez le philosphe Jean-Luc Nancy (l’un des fans de l’interprète de Bambino), tissant un portrait gracieux et nostalgique, plein de surprises.

“Wilfried”

« Quelque part, j’aime mon ghetto, mais je sais que je vais le quitter. » Wilfried, 35 ans, est un ancien « caïd de quartier » à Villiers-le-Bel, dans le Val-d’Oise. Il a monté un club de boxe, s’apprête à emménager dans un pavillon qu’il vient d’acheter. « Je veux un portail avec des pointes, ça fait patron ! », lance-t-il, rigolard, quand on lui dit qu’il « s’embourgeoise ». Lorsque la sociologue Isabelle Coutant le rencontre, en 2001, il est déjà « impressionnant » : « un grand Noir baraqué, chaîne en or, survêtement blanc, lunettes Cartier ; il avait la tchatche », explique-t-elle dans ce documentaire saisissant. Elle l’interroge alors dans le cadre de la thèse qu’elle prépare sur la délinquance juvénile. Quinze ans plus tard, elle le retrouve pour un portrait sonore, en collaboration avec le réalisateur Mehdi Ahoudig. Tous deux enregistrent l’ambition du jeune homme – ouvrir un bar à chicha –, son ambiguïté aussi : il livre parfois des réponses sibyllines, ne souhaite pas tout dire. Et puis l’histoire bascule, brutalement. Wilfried est tué de trois balles à Goussainville, en mars 2016. Et la captation vire à l’enquête sensible.

“Les chemins de désir”

On n’archive pas ses souvenirs de films pornos comme on le fait avec ses clichés de vacances. Dans ce domaine, Claire Richard en connaît un rayon. Elle entraîne qui veut la suivre dans son exploration boulimique des films X qui ont façonné ses fantasmes de femme depuis l’adolescence. Cette série en six épisodes accompagne la sortie de son livre éponyme Les Chemins de désir (éd. du Seuil) – en référence au terme employé par les urbanistes désignant les sentiers dissidents qui longent les routes officielles qu’ils ont dessinées.

“Poudreuse dans la Meuse”

La drogue gangrène la Meuse, qui détient le record de consommation d’héroïne en France. Le documentariste Mehdi Ahoudig est parti enquêter sur ce fléau dans le département lorrain. Lequel affiche, selon le magistrat Yves Le Clair, « des chiffres en la matière quatre à cinq fois supérieurs à la moyenne nationale », faisant de Verdun « un terrain de jeu pour la brigade des stups ». Le producteur signe ici un documentaire glaçant. Sur le terrain, il va bien au-delà du simple reportage et mixe quantité d’ambiances sonores pour accompagner ses interviews. À la façon d’un révélateur d’émotions et de malaises qui précipite l’auditeur dans les abîmes de l’addiction.

“Écouter le cinéma”

Pour reproduire le son de fractures d’os, elle utilise des endives. « C’était pour les besoins du film Total Western, d’Éric Rochant, en 2002, raconte la bruiteuse Judith Guittier. Il s’agissait d’une scène de torture où un homme se fait briser les membres un par un… J’ai dû sortir de l’auditorium, c’était insoutenable ! » Promis, après avoir écouté cette série sur le son au cinéma, vous ne regarderez plus ni vos films préférés ni votre frigidaire de la même manière ! En cinq épisodes, Lætitia Druart lève le voile sur le travail mal connu et souvent artisanal des monteurs, bruiteurs et autre designers sonores. À son micro, ils dévoilent les secrets rangés dans leurs valises. « Ils sont une extension des acteurs, ils bruitent chacun de leurs gestes, dans une sorte de danse », raconte la productrice. À chaque film sa « couleur sonore ». La clé : beaucoup de technique, mais surtout une oreille créative, capable de faire naître d’un son une émotion.

“Première loge”

« J’ai toujours adoré les loges de concierge. Ce sont de petits espaces, comme des maisons de poupées, agencés de la façon la plus efficace possible : il y a toujours une mezzanine, un napperon en crochet sous une plaque en verre, un milliard d’objets souvenirs. » Ces endroits, Merry Royer les aime tellement qu’elle a remplacé quelques semaines durant Fortuna, gardienne d’immeuble des beaux quartiers parisiens. Dans Première Loge, elle fait, en quatre épisodes, le récit de cette expérience. Mais la jeune femme de 33 ans revient tout d’abord sur un parcours familial chaotique. « J’ai grandi dans des apparts de folie […], les amis de mes parents étaient tous acteurs, auteurs et poseurs. » La fille de bourges ne se sent bien que dans la loge de Maria, leur concierge. « Je m’y mettais à l’abri, on regardait Madame est servie en mangeant des Quality Street. Maria m’accompagnait partout, à la danse, chez le psy… L’été je partais dans son village au Portugal, avec elle. »

“Dépêche !”

« Salut, c’est Livo, et je découpe les journaux avec mon micro. » « Encore une énième revue de presse ! » avait-on soupiré en entendant pour la première fois cette petite phrase sur Arte Radio. Une écoute avait suffi à dissiper notre lassitude anticipée. Drôle, impertinente, nourrie de rencontres dans la rue, mais aussi d’investigation, cette revue de presse-là dépoussière résolument le genre. « Avec le podcast “Dépêche !”, je reprends cette forme noble du journalisme radio qui a bercé toute mon enfance. Et puis je la fais exploser », revendique Olivier Minot – le vrai nom de Livo. « Livo, c’est un personnage très énervé par les médias mais qui continue à les lire. Comme nous qui regardons BFM tout en disant que c’est de la merde », poursuit ce passionné d’info qui a notamment officié dans la bouillonnante Mégacombi de Radio Canut, à Lyon. Chaque mardi, un Livo très ronchon arrache donc les pages des journaux, peste contre les titres sensationnalistes, et moque le ton de Fabrice Drouelle sur France Inter. Dans sa bouche, les formules journalistiques empesées semblent soudain ridicules – on pèse d’ailleurs nos mots en écrivant ces lignes, les ciseaux acérés de Livo bien en tête.

“Un podcast à soi”

« Je me dis ouvertement féministe et ce n’est pas sans conséquences. Une fois le mot prononcé, je décèle les sourires ­moqueurs, les regards effrayés, on soupire, on lève les yeux, on me dit qu’il faut changer le mot, que c’est trop clivant. On me dit que l’égalité est un leurre car les hommes et les femmes sont différents. Le féminisme est devenu comme une évidence. Un enjeu majeur qui concerne la moitié de la société. » Voilà ce qu’explique Charlotte Bienaimé en préambule de son émission, Un podcast à soi, où elle tend le micro aux femmes dans leurs luttes diverses au quotidien. Quand ce nouveau rendez-vous a été mis en ligne à l’automne sur Arte Radio, l’affaire Weinstein ne faisait pas encore la une des journaux, #balancetonporc et #metoo n’avaient pas encore enflammé les réseaux sociaux, libérant la parole sur le harcèlement sexuel ordinaire.


“Crackopolis”

Rares sont ceux qui reviennent d’un séjour à Crackopolis. La plupart y laissent leur intégrité comme on dépose les armes. Ils bradent leur âme pour quelques minutes extatiques sous crack. Dans cette quête forcenée du plaisir « originel » du premier shoot – une sensation particulièrement forte –, certains finissent par sombrer dans la folie ou la sidération, piégés dans des abîmes insondables. D’autres perdent la vie. Charles, 30 ans, sert d’intermédiaire entre consommateurs et dealers, et connaît parfaitement les codes et chausse-trapes de ce milieu. En révélant les rouages de ce business à Jeanne Robet, qui l’enregistre, il prend le risque de se faire tuer. L’homme se livre pourtant sans détours, avec un brin de fascination pour les gros patrons : « Tu choisis ton seigneur, tu te mets sous sa protection. » Pointe aussi une forme de fierté, celle de partager leur quotidien : « T’as un flingue, t’as un couteau, tu déclares et tu poses, lâche-t-il en décrivant son arrivée chez ses fournisseurs. Soit tu deales, soit tu consommes ! On traîne pas avec les mecs qui fument, on les utilise. Et si t’es grossiste, t’as tes hommes qui sont prêts à aller en prison pour toi, et tu peux les envoyer défoncer un mec dans la rue pour récupérer l’argent qu’il te doit. »


“Coming In”

Prévenons tout de suite ceux qui s’apprêtent à glisser Coming In entre leurs oreilles : il y a un avant et un après l’écoute de cette confession sonore. Difficile, en effet, d’accueillir tant de sincérité et d’intensité sans en concevoir une grande émotion... En vingt-huit minutes cristallines, Élodie Font parvient à raconter qui elle est et comment elle s’est trouvée. La mise en ligne de son témoignage, lors de la Journée internationale contre l’homophobie, a déclenché une vague-submersion de messages bouleversés et reconnaissants.


“Fenêtre sur cour”

Elle écrivait auparavant sur la pop culture, avec un petit faible pour les aventures people de Britney Spears. Après un passage par la fac de criminologie, Élise Costa est devenue chroniqueuse judiciaire pour le site d’information Slate. Avec, cette fois-ci, une légère addiction aux assises et à leurs crimes. Dans Fenêtre sur cour, elle livre ses anecdotes : les coulisses des procès, les souvenirs d’affaires particulièrement sordides et quelques coups de griffe contre le système judiciaire. Dans chaque épisode, la journaliste parvient à nous maintenir entre fascination et effroi… Et on ne peut que partager sa passion pour la chronique judiciaire.


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