Cinq podcasts à écouter pour comprendre la Ligue du LOL |
Les révélations autour de ce groupe de journalistes et communicants, qui a fait régner la terreur sur les réseaux sociaux au début des années 2010, ont fait l’effet d’une bombe dans le milieu des médias. Entre témoignages et analyses, voici quelques clefs pour comprendre la portée de l’affaire et ses mécanismes.
“Les Couilles sur la table” sur Binge Audio : la force du boys club
Prendre un peu de recul et se poser les questions qui entourent cette sinistre affaire de Ligue du LOL : c’est ce que propose cet épisode spécial des Couilles sur la table, le podcast produit par Binge Audio. En compagnie de la journaliste Mélanie Wanga et de la blogueuse et militante féministe Valérie Rey-Robert, alias Crêpe Georgette, Victoire Tuaillon démonte l’architecture des groupes d’hommes : « Les boys clubs sont partout, et si vous ne le voyez pas, c’est que vous êtes dedans », explique d’entrée de jeu Valérie Rey-Robert. Car ces mécanismes n’ont pas attendu ni le journalisme ni les réseaux sociaux pour se mettre à l’œuvre. Mais la Ligue du LOL est un cas d’école : socialisation masculine construite contre l’autre, humour comme arme politique, engrenage implacable, etc. A l’énumération des méfaits de certains membres particulièrement malfaisants du groupe, des effets produits sur leurs victimes (les journalistes Léa Lejeune et Lucile Bellan y témoignent) et les conclusions que l’on en tire sur le patriarcat, on ne peut que se rendre à l’évidence, de la même manière que Victoire Tuaillon : le cas est « effrayant et glaçant. »
“La Fabrique médiatique” sur France Culture : quand #MeToo s’invite dans les médias
L’affaire de la Ligue du LOL fait l’effet d’une lame de fond dans la profession. Mais est-on devant un #MeToo à la française ? comme le demande Caroline Broué sur France Culture. Ses invitées Aude Lorriaux, porte parole de Prenons la Une, collectif qui œuvre pour la représentation des femmes dans la presse, et Lénaïg Bredoux, journaliste à Mediapart, ne tombent pas dans la comparaison, mais reconnaissent tout de même le caractère inédit de cette prise de conscience et des digues qui sautent dans les médias à travers les victimes qui prennent la parole. « L’ampleur des témoignages, qui dépasse tout le monde, rappelle #MeToo », note Aude Lorriaux. On tente ici d’expliquer pourquoi ce genre d’affaire a mis tant de temps à sortir : minimisation des incidents par les victimes, perte de confiance et honte, mais aussi peur d’être sanctionnées ou ostracisées dans un petit milieu, certes progressiste, mais où la précarité, elle, est grande et où la concurrence s’appuie sur le « discriminer pour mieux régner ». Des pistes intéressantes pour espérer changer les choses.
“L’Instant M” sur France Inter : “Libération” et la Ligue du LOL
« Ils se sont cooptés les uns les autres, ont grandi ensemble et se sont tous tenu par la barbichette », déclare Sonia Devillers – productrice de L’instant M, sur France Inter – à propos de la Ligue du LOL : ce groupe Facebook crée en 2009 par des journalistes et communicants, majoritairement masculins, qui ont harcelé des femmes et personnes issues de minorités. La journaliste revient sur cette sombre affaire aux côtés de Christophe Israël, directeur adjoint de la rédaction de Libération. Sans véhémence et avec nuance, ils éclairent les événements de ces derniers jours. L’animatrice explique que la mise à pied à titre conservatoire n’est pas une sanction mais un moyen de marquer le coup, tout en protégeant les concernés par leur mise en retrait. Ensemble, ils démontrent également que « comprendre comment fonctionnent les réseaux ne signifie pas comprendre le monde dans lequel on vit », selon les mots du journaliste Xavier de La Porte, qui intervient en début d’émission. Un rappel pédagogique et éclairant.
“Quoi de meuf ?” sur Nouvelles Ecoutes : Ligue du LOL et cyber-harcelement
Et l’important, c’est d’écouter les victimes. Elles témoignent, la voix tordue par les larmes parfois, de ce que les membres de la Ligue du LOL leur ont fait subir : le cyberharcèlement, les attaques constantes, les rabaissements permanents, les piques, les insultes et les pires photomontages. La complicité du milieu journalistique aussi. Nora Bouazzouni, Léa Lejeune (journalistes) et Daria Marx (blogueuse et activiste) se livrent au micro de Clémentine Gallot dans un épisode spécial de Quoi de meuf ? et toutes les quatre racontent les mécaniques de domination qui, pendant des années, se sont mises en place à leurs dépens, de façon pernicieuse, voire perverse. Indispensable pour comprendre de quoi il est question ici.
Le billet de Charline Vanhoenacker sur France Inter : Ligue du LOL et Team MDR
Vous connaissez maintenant la triste Ligue du LOL. Mais aviez-vous eu vent de la Team MDR, son pendant féminin ? Sur Inter toujours, Charline Vanhoenacker raconte ce groupe de femmes journalistes qui s’organise contre la domination masculine. Leurs armes ? Les réseaux sociaux : elles insultent en bande un confrère, jeune journaliste noir d’un magazine sur le foot. Attention, il ne s’agit pas, pour elles, de cyberharcèlement, tout au plus d’« humiliation digitale »… Mais tout cela n’est que fiction : « Où t’as vu que tous les grands journaux étaient dirigés par des femmes ? » lance l’humoriste à Nicolas Demorand, l’animateur de la matinale. Une chronique acerbe et juste, à la conclusion implacable.