Conflit social à Radio France : la CGT suspend la grève jusque début mars |
Après deux mois de conflit ouvert contre un plan de départs menaçant 299 emplois, la direction a lâché du lest en proposant une rupture conventionnelle collective. Fin de l’enlisement après la décision de la CGT de suspendre la grève ce lundi ?
Après deux mois de grève contre un plan de départs menaçant 299 emplois, la CGT, dernier syndicat à maintenir la grève, vient de prendre la décision de suspendre le mouvement à partir de ce lundi 3 février à minuit. Lors de l’assemblée générale, 25 salariés ont voté pour la suspension, 16 contre et 29 se sont abstenus. Un tournant quelques jours après le changement de position de la direction, qui a lâché du lest en janvier en proposant une rupture conventionnelle collective à la place du plan de départs volontaires. Retour en trois questions sur le plus long conflit qu’a connu Radio France.
Pourquoi la grève a-t-elle duré aussi longtemps ?
La grève historique de 2015 — vingt-huit jours — n’était donc pas imbattable. La CGT suspend son mouvement au bout de 63 jours de mobilisation contre le plan de départs de la pdg, Sibyle Veil. Ce dernier prévoit la suppression de 299 postes (61 sont déjà vacants), pour satisfaire aux demandes d’économies (60 millions d’euros) exigées par le gouvernement d’ici à 2022. Inacceptable pour beaucoup de salariés, forts des bonnes audiences du groupe. D’où un conflit long entre une direction inflexible et des syndicats qui dénoncent un dialogue social au point mort.
Janvier, le mois du tournant ?
Bonne résolution ou pas, cette guerre de positions a semblé évoluer. On sentait venir l’accalmie depuis quelques semaines. Le 15 janvier, les négociations avaient repris. Le 23, Sibyle Veil a proposé de muer le plan de départs volontaires en un autre dispositif, la rupture conventionnelle collective. Cette dernière ouvre le départ à davantage de salariés, potentiellement proches de la retraite. Mais elle permettrait aussi de remplacer certains départs par des embauches à des salaires moins importants — avec le risque d’encourager le recours à des contrats précaires.
Où en sont les négociations ?
Quatre syndicats sur six (SNJ, FO, Unsa, CFDT) ont signé un accord pour négocier une rupture conventionnelle collective. Les négociations ont débuté vendredi 31 janvier, en incluant Sud et la CGT. Les parties ont jusqu’à fin mars pour trouver un accord majoritaire. « Un planning beaucoup trop serré ! » s’insurgent les délégués de la CFDT et de la CGT. « Il nous faut plus de temps pour examiner la réorganisation de tous les métiers. Notre objectif pour l’instant est de limiter les suppressions de postes. La base proposée par la direction — 261 suppressions au lieu de 299 — n’est qu’une base, on peut faire mieux », affirme Renaud Dalmar, de la CFDT. « Ce n’est pas à moi de gérer le planning interne », aurait répondu en substance le ministre de la Culture, Franck Riester, lors d’une première rencontre avec les syndicats fin janvier. Tout en maintenant le caractère « soutenable », selon lui, du plan d’économies imposé à la Maison ronde, le ministre s’est voulu rassurant sur la pérennité de la contribution à l’audiovisuel public (ex-redevance) qui finance Radio France.
Un discours qui n’a pas convaincu, c’est peu de le dire. Dans une tribune mis en ligne, ce dimanche par Libération, plus de 300 membres du personnel et collaborateurs de Radio France, interpellent le ministre de la Culture. « Nous ne sommes ni contre le mouvement, ni contre le changement, nous y participons tous les jours. Mais pourquoi fragiliser une maison en pleine santé qui avait retrouvé l’équilibre budgétaire après un premier plan d’économies? En quoi la suppression de postes serait-elle le corollaire nécessaire de la transformation d’une entreprise? Est cela, “la meilleure façon” de faire fonctionner le service public que vous dites soutenir? » Une façon de dire que si les négociations reprennent, la défiance, elle, continue.