Sans notes
Pourquoi j\'écoute des podcasts en vitesse accélérée

En juin dernier, nous vous parlions de ce journaliste américain qui regarde ses séries en vitesse accélérée, et qui adore ça.

«Je navigue souvent d'une scène à l'autre, je m'attarde sur les scènes complexes et je passe celles plus lentes. En d'autres termes, je regarde la télé comme je lis un livre. Je saute des passages. Je relis. Parfois, j'accélère. Parfois, je ralentis.»

Cela m'a forcé à faire mon coming out: je fais pareil pour certaines séries, certains films, et surtout pour l'écoute des podcasts.

Tout d'abord, il faut que vous sachiez que je suis loin d'être le seul. Une application du nom d'Overcast qui permet d'écouter des podcasts met en avant une fonctionnalité du nom de Smart Speed, rappelle The Atlantic:

«Smart Speed ne permet pas seulement d'écouter des contenus audio 1,5 ou deux fois plus vite; elle essaie d'enlever, de façon algorithmique, toutes ces choses qui rajoutent du temps: des blancs, des pauses entre les phrases, les intros et fins, tout ce genre de choses.» Mais, personnellement, je suis encore loin d'atteindre ce niveau.

Et ce n'est pas un phénomène nouveau. Pensez à tous ces livres que vous avez lu en diagonale au collège, au lycée et à la fac, parce qu'il fallait les finir pour les cours ou vos devoirs surveillés.

En ce qui concerne l'audio, dès 2006, on se partageait sur des blogs des astuces pour écouter des podcasts plus vite:

«Au début et en fonction des gens qui parlent, vous ne serez capable de supporter qu'une accélération à x1,4 par rapport à la vitesse normale. Essayez cela et ensuite au fur et à mesure, augmentez graduellement la vitesse. Très vite. Vous devriez être trouver qu'écouter à une vitesse x2 est assez facilement compréhensible. Il ne m'a fallu que trente minutes pour parvenir à doubler la vitesse initiale et ne pas être dérange à l'écoute.»

Aujourd'hui, de plus en plus d'accros aux podcasts se sont mis à appuyer sur les boutons x1,5 ou x2. Personnellement, j'en écoute au moins une vingtaine par semaine, ce qui m'amène à un peu plus de seize heures d'écoute hebdomadaire (le plus souvent dans le métro ou dans la rue). Pour certains d'entre eux, quand le travail de production est immense (Radiolab, Reply All, This American Life...), je les écoute en vitesse normale pour pouvoir profiter des silences, des dialogues, ou de la musique souvent composée spécialement pour l'épisode.

Du temps gagné

Mais pour la plupart des autres, qui sont des talks ou des reportages rapides, je les joue en accéléré (x1,5 ou x2 parfois). Le temps gagné sur un épisode comme Hidden Brain (sur la science) ou The Gist (de Slate.com, sur l'actualité) où la durée moyenne est de vingt minutes peut sembler ridicule. Mais sur une émission de 50 minutes (comme le Slate Political Gabfest ou l'Elections Podcast de FiveThirtyEight), cela me permet de gagner à chaque fois un bon quart d'heure, et donc au final de réussir à tout écouter. (D'autant qu'aujourd'hui, les écouter à vitesse normale me semble très bizarre et vraiment gênant, comme si cela manquait de rythme et que quelqu'un avait passé les voix de toutes ces personnes et la musique au ralenti).

Et pour les «talks», l'accélération confère un rythme plus entraînant, et je ne suis pas le seul à les préférer ainsi, confirme le Washington Post:

«Les gens aiment écouter de l'audio en accéléré. Le psychologue Emerson Foulke et ses collègues ont remarqué que les étudiants préféraient les enregistrements qui avaient été accélérés d'environ 30%, passant de 175 mots par minute, à 222 mots par minute. D'autres études plus récentes ont permis de découvrir que quand on donne le choix aux gens, ils choisiront d'accélérer la vitesse de lecture de 40 à 50% en moyenne –soit une augmentation de 1,4 à 1,5.»

Sur Forbes, Seth Porges expliquait parfaitement le dilemme qui m'a amené à devoir passer en accéléré la plupart des podcasts que j'écoute:

«Il y a des tonnes de bonnes émissions dans la nature, sur à peu près tous les sujets imaginables. Le vrai problème avec les podcasts est la facilité avec laquelle vous pouvez les incorporer à votre vie. Si vous vous abonnez à plus que quelques podcasts, vous pouvez facilement vous sentir submergé et même intimidé par le nombre d'épisodes non-lus qui s'affiche sur votre téléphone.»

(Ceci s'explique peut-être aussi par le fait que je suis aussi obsédé par «l'inbox zero» sur mon compte email, et par le zero notification sur mon téléphone, mais on verra ce problème une autre fois.)

Alors pour que ce nombre reste aussi souvent que possible le plus proche de zéro, j'ai décidé de (presque) tout écouter plus vite.

Pas seulement les podcasts

Et cela ne marche pas qu'avec les podcasts. Sur YouTube, il m'arrive parfois de mettre les vidéos en vitesse accélérée. Il m'est également déjà arrivé de regarder des films en accéléré dans le train parce que mon arrivée se précisait et que je voulais connaître la fin de films décevants avant d'être dans la gare. Quitte à avoir déjà perdu plus d'une heure, autant voir au moins la fin... (oui Avengers: L'Ère d'Ultron, je pense à toi).

Et pour certaines séries que je m'obligeais à voir avant de finalement me décider à les abandonner, il m'arrivait également d'accélérer la vitesse sous VLC. Et comme l'a découvert Jeff Guo du Washington Post, c'est parfois plus agréable de regarder une série en accélérée qu'en vitesse normale:

«Accélerer est plus qu'une astuce pour gagner du temps. J'ai rapidement découvert je prenais plus de plaisir à regarder en accéléré. Modern Family joué deux fois plus vite est beaucoup plus drôle –les blagues viennent plus vite et semblent plus efficaces.»

Mais pour en revenir aux podcasts, j'ai commencé à accélérer la vitesse quand j'ai réalisé que je n'avais pas assez de temps pour tout écouter en vitesse normale. A une époque, j'arrivais à écouter ce que je voulais dans le temps que j'y avais dévolu, mais l'écoute de podcasts devient vite addictive, et l'augmentation du nombre d'épisodes sur mon téléphone et mon ordinateur m'ont poussé à devoir accélérer le rythme pour pouvoir tout faire. J'ai commencé à les écouter sur mes temps de trajet, pendant ma vaisselle, mes courses... Et ne disposant plus vraiment de temps supplémentaire (et ne souhaitant pas non plus leur accorder encore plus de temps), il a fallu que j'augmente la vitesse d'écoute.

«La tyrannie de la vitesse»

En juillet 2012, Déborah Corrèges avait parfaitement résumé cela dans un article de Sciences Humaines consacré à la «tyrannie de la vitesse»:

«Un sentiment d’urgence, anxiogène, pousse à accélérer la cadence. Ce qui entraîne, selon [le sociologue allemand] Harmut Rosa, une “accélération du rythme de vie”, qualifiée de “densification” ou “intensification du temps quotidien”, dans le but d’effectuer plus d’actions dans une même unité de temps. Selon l’auteur, l’homme use de deux stratégies pour y arriver.


La première consiste à augmenter immédiatement la vitesse d’action, consacrant ainsi moins de temps qu’auparavant à une même activité.

La seconde stratégie, explique-t-elle, c'est le multitasking, cette capacité à effectuer plusieurs actions en même temps «comme travailler durant le temps d’un transport en train, plutôt que de discuter avec son voisin ou contempler le paysage. Ou bien faire réciter les devoirs de son enfant pendant que l’on lave la vaisselle».

«Ces tâches que nous effectuions auparavant moins vite et l’une après l’autre, c’est-à-dire successivement, s’effectuent aujourd’hui plus vite et en même temps, c’est-à-dire simultanément.
»

Et comme l'écrit justement Gilles Finchenstein dans son essai La Dictature de l'Urgence, publié en 2011, «l'urgence s'insinue, sans même que nous le mesurions, dans l'ensemble de nos vies, dans notre vie personnelle, dans notre vie professionnelle, dans notre vie publique».

Reste que malgré cette urgence professionnelle, je peux encore faire la différence entre les podcasts que j'écoute pour mon développement professionnel et ceux que j'écoute pour moi.

L'aspect utilitaire et le loisir pur

Le premier type est essentiellement utilitariste, et me sert surtout à me documenter sur plusieurs sujets, et peut-être en tirer un sujet d'article derrière. C'est ce qui explique pourquoi j'écoute tant d'émissions sur la politique américaine en accéléré, ou de podcasts sur la technologie et internet.

D'ailleurs, ce n'est pas parce que j'ai décidé d'écouter beaucoup de choses en accéléré que je ne sais plus rien apprécier à sa juste valeur, et que tout ce que je m'oblige à écouter ne peut être perçu comme un moment de relaxation, comme un loisir.

En ce qui concerne les films et séries, il s'agit plus d'une difficulté à abandonner quelque chose commencé, qu'un véritable besoin de regarder trop de choses, et de ne pas avoir assez de temps pour le faire. Et comme expliqué plus haut, je n'oserais pas écouter certains de mes podcasts préférés (et regarder certains films et séries) à une vitesse autre que celle pour laquelle ils ont été conçus au départ. Prenons à titre d'exemple, ces deux extraits du même épisode du podcast This American Life:

Pour The Verge, «la différence est subtile, oui», mais cela ne veut pas dire que l'on doit nécessairement s'y faire. Certains éléments des podcasts (mais cela vaut aussi pour toutes les œuvres) comme les silences ont un but bien précis que l'on perd en passant en vitesse rapide:

«Votre corps et votre esprit continuent de percevoir le temps de la même façon, et maintenant que votre podcast a été accéléré, ce long blanc n'est plus aussi inconfortable et ne va pas vous faire vous pencher vers votre volant, et vous demander qui va être le premier à briser ce silence. [...]

En écoutant à une vitesse de 1,5 vous commencez avec un handicap. Vous n'aimez pas votre film préféré parce que vous l'avez regardé du coin de l'œil, ou parce que vous n'avez écouté que les détails importants. Laissez une chance au temps réel.»

Je compte la lui laisser encore un moment. Je ne suis pas encore prêt à tout accélérer.


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